Comment savoir si l'on a écrit un "bon" roman ?
C'est une question que la plupart des auteurs se posent, qu'ils soient novices ou expérimentés. Evidemment, s'il y avait une réponse simple, unique, toute faite à cette question, nous serions tous des auteurs de best-sellers en claquant des doigts ! Mais tout de même, il y a bien quelques piliers sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour savoir si votre roman est équilibré et sur quels points vous pouvez travailler. Si votre roman est en cours d'écriture ou si vous venez de finir le premier jet et que vous n'êtes pas sûr de vous, je vous propose de faire un point sur ces piliers, tirés de mes deux ans et demi d'expérience en tant que correctrice - relectrice.
Alors, prêts pour une petite check-list ? C'est parti !
L'intrigue
Le premier pilier d'un roman efficace est bien sûr une intrigue réussie. Il y a mille manières d'écrire une bonne intrigue, plusieurs façons de construire une histoire intéressante. L'essentiel à garder en tête est justement le mot "construction". Une bonne histoire est avant tout une question de construction, à la fois parce qu'elle vient d'un cheminement qui se fait d'abord dans votre tête, et puis parce que vous prenez ensuite le temps de la construire sur le papier.
Vous pouvez commencer par vous poser des questions d'ordre général :
Pourquoi ce roman, pourquoi cette histoire ? Qu'est-ce que je veux dire en écrivant cela, quel est le message profond qui m'anime en donnant vie à ces personnages, à ce récit ? Cette question est intime et personnelle, pourtant elle est essentielle, car garder votre "pourquoi" en tête vous sera d'une aide précieuse pour mener le fil conducteur de votre récit jusqu'au bout.
Pour qui ? C'est une question qui découle de votre pourquoi. A qui s'adresse votre roman ? Est-ce que vous écrivez d'abord pour vous, pour guérir de quelque chose, parce que cela fait partie d'un cheminement dans votre vie ? Est-ce que vous vous adressez à votre famille, à vos proches ? Est-ce que vous cherchez un public plus large ? Et si oui, à quoi ressemble votre lecteur type ? Bien sûr, on n'écrit pas uniquement pour les autres ou en espérant plaire, mais être au clair avec votre démarche vous aidera à garder un point de mire dans votre écriture.
Vous pouvez ensuite passer en revue des éléments plus terre-à-terre.
Le schéma général d'une intrigue suit souvent les mêmes grandes lignes : situation initiale - élément perturbateur - péripéties - climax (point culminant de l'intrigue) - résolution et retour à la situation initiale ou bien à une nouvelle situation. Le héros, pendant ces péripéties, effectue généralement un cheminement intérieur : une fois arrivé au bout de son histoire, il est transformé par ce qu'il a vécu. Suivre cette construction d'intrigue n'a rien d'une obligation absolue, mais elle permet de réfléchir à l'élément essentiel : l'envie que le lecteur ressent de tourner la page et de se rendre au chapitre suivant. Analysez chacun de vos chapitres : est-il utile, est-il intéressant, donne-t-il envie au lecteur de se rendre au chapitre suivant ? Avez-vous un point de départ et un point d'arrivée clairement identifiés ?
Soyez concis. Dans l'idéal, chaque scène, chaque chapitre, chaque paragraphe doit être utile à l'intrigue. Par exemple, si vous écrivez de la fantasy, assurez-vous que toutes vos descriptions soient pertinentes et apportent quelque chose au lecteur. Ne passez pas des pages entières à décrire des éléments qui n'apportent rien à l'histoire. Si vous écrivez un roman historique, ne passez pas trois pages à paraphraser la page Wikipédia de l'époque à laquelle se passe votre roman pour mettre le lecteur dans l'ambiance.
Traquez les incohérences. Cela vaut pour l'histoire en elle-même, mais aussi pour les personnages et le cadre de votre roman. Toutes les intrigues et sous-intrigues sont-elles suivies jusqu'au bout ? La temporalité est-elle bien organisée ? N'hésitez pas à faire une timeline de votre intrigue, à y poser le déroulé de l'histoire, le rôle des personnages, pour être sûr que tout soit cohérent. Attention aussi aux anachronismes dans les romans historiques.
Bien sûr il ne s'agit là que de points généraux, il y aurait encore beaucoup à dire et de nombreuses ressources sur la construction d'une intrigue, ou encore le storytelling, sont disponibles sur internet, mais voilà déjà de quoi apporter quelques pistes de réflexion.
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Les personnages
Des personnages crédibles et attachants constituent le second pilier essentiel de votre roman. Votre intrigue aura beau être bien construite, soigneusement ficelée, si l'on ne se prend pas de sympathie pour les personnages qui la constituent, il sera difficile de susciter de l'émotion chez le lecteur. Pour cela, n'hésitez pas à soigner plusieurs éléments :
Avez-vous donné suffisamment de matière à chacun des personnages ? Vos personnages, même principaux, ne doivent pas nécessairement être décrits sur des pages et des pages, mais sont-ils suffisamment crédibles ?
Pour cela, vos personnages sont-ils basés sur autre chose que des descriptions physiques et un CV qui se déroule mécaniquement ? Quels sont leurs sentiments, leurs insécurités ? N'hésitez pas à mobiliser tous leurs sens, l'odorat, le toucher, pour parler de ce qu'ils éprouvent. Vos personnages doivent susciter une émotion, qu'elle soit positive ou négative.
Enfin, les arcs narratifs de tous les personnages sont-ils bien suivis ? Vérifiez que vous n'avez pas laissé un personnage à l'abandon au cours de votre intrigue, que personne n'a été oublié en route et ne disparait sans que son arc narratif ne soit clos. De la même manière, veuillez à ce qu'aucun personnage ne semble sortir de nulle part dans votre histoire.
Cependant, attention aussi à l'écueil inverse ! C'est très bien d'avoir fait des fiches personnage détaillées, d'avoir passé du temps à inventer une vie et à donner de la matière aux personnages de votre roman, y compris les personnages secondaires. Malgré tout, avant de passer deux pages à étaler le curriculum d'un personnage au milieu de votre intrigue, demandez-vous toujours :
Est-ce que c'est réellement utile ? Cela apporte-t-il quelque chose à mon roman de savoir ça sur tel personnage ?
Est-ce que cela tombe comme un cheveu sur la soupe de passer une page entière à décrire un personnage secondaire ? Celui-ci aura-t-il un rôle à jouer dans l'histoire ou est-ce du remplissage ?
Il arrive assez souvent que des auteurs, par excès de zèle, accordent une part importante de descriptions à des personnages secondaires qu'il ont passé du temps à imaginer, mais qui ne jouent aucun rôle dans l'intrigue, ce qui contribue à perdre le lecteur.
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L'écriture et le style
Enfin, l'écriture en elle-même est - à mon sens - le troisième pilier d'un bon roman. Il ne s'agit pas ici de dire que vous devez écrire comme Victor Hugo pour que votre roman soit parfait, multiplier les figures de style et les mots compliqués à tout prix. Pas du tout.
Le style efficace est celui dans lequel vous vous sentirez le plus à l'aise. A force d'écrire, vous finirez même par trouver un style, le vôtre.
Pour vous donner des pistes, voici quelques conseils généraux d'écriture :
Faites simple ! Cela peut paraître contre-intuitif au premier abord. Lorsque l'on écrit un roman, on a tendance à vouloir faire du "beau", de l'esthétique. C'est très bien. Mais la forme ne doit pas prendre le dessus sur le fond ! Une bonne intrigue sera desservie par des phrases trop longues et compliquées, des descriptions très fastidieuses... Cela est d'autant plus vrai si vous multipliez l'utilisation de vocabulaire que vous ne maitrisez pas forcément. Soyez clair, concis, privilégiez la fluidité de vos phrases. Votre roman n'en sera que meilleur.
Faites la chasse aux mots inutiles. Cela vaut surtout pour les premiers romans, dans lesquels on voit parfois un style un peu scolaire. Ne multipliez pas les mots de liaison tels que "en effet, de fait, or, de plus..." Cela ne veut pas dire que vous ne devez jamais les utiliser, faites simplement attention à l'effet d'accumulation. C'est la même chose pour les adverbes.
Traquez les répétitions, les lourdeurs, les maladresses. Par exemple, évitez de multiplier les phrases aux tournures de type : "Il y a des gens qui arrivent." Privilégiez plutôt : "Des gens arrivent."
Ne négligez pas l'étape de la correction. Relisez-vous le plus possible. N'hésitez pas à laisser un temps de repos entre chaque relecture. Vous pouvez demander un coup de pouce à vos proches ou bien utiliser un logiciel de correction tel qu'Antidote. Le plus efficace reste de vous faire accompagner par un correcteur professionnel, même si cela représente un budget, car aucun logiciel ne peut remplacer un œil humain expérimenté.
Est-ce que vous vous retrouvez dans tous ces éléments ? Vous avez trouvé des pistes pour améliorer votre manuscrit ? Ou au contraire, vous vous sentez plus confiant parce que vos piliers sont bien solides ?
Mais au fait, qui suis-je ?
Ecrivain Public agréée par l'AEPF (Académie des Ecrivains Publics de France), je corrige des romans aussi bien pour des particuliers que pour des maisons d'édition. J'accompagne les auteurs de la bêta-lecture à la mise en page de leur texte, en passant par différents niveaux de correction. Si vous souhaitez en savoir plus sur les modalités, les tarifs, ou demander un devis, c'est par ici !
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